dimanche 1 octobre 2017

Tlemcen: Fellaoucène tourne la page

Durant la décennie noire du terrorisme, les agglomérations de Fellaoucène (Grands monts de Trara) ont souffert le martyr. Nichées sur les versants des montagnes de Fellaoucène, à une vingtaine de kilomètres de Nedroma, ces villages desservis par la RN 35 et RN 98, vivaient sous les incursions répétitives des groupes armés, qui prenaient les immenses forêts de Fellaoucène comme base de repli après leurs effroyables actes commis contre des innocents lors de faux barrages dressés sur la route. Aidés par le relief accidenté et très dense des montagnes et falaises, ces groupes armés faisaient irruption dans les hameaux et villages à proximité de leurs lieux de refuge, constitués de casemates ou de grottes, soigneusement dissimulés par la végétation dans le vaste maquis de Fellaoucène.
En 1994, le parc de la commune d'Ain Fettah a été complètement incendié et plusieurs personnes ont été froidement assassinées devant leurs proches. A cette époque, il n'y avait ni brigade de gendarmerie, ni garde communale, ni patriotes dans ces agglomérations. Livrée à elle-même, la population vivait le calvaire.
Mais, petit à petit, les choses commencent à changer et les habitants d'Ain Fettah, Ain Kébira, Bordj Arima et Béni-Ouarsous décident de réagir pour protéger leurs familles, leurs biens et leurs institutions. A Ain Fettah, de nombreux habitants s'organisent pour riposter aux criminels, à limage de Bouzar, Belbachir, Bensaim, Zirar (Ami Yekhlef), Mouadene, Lehmak, Benzeghadi (dit Zritla), Chelali et tant d'autres de patriotes, gardes communaux ainsi que les éléments de la gendarmerie, qui veillaient avec une grande vigilance sur le village et guettaient jour et nuit les entrées et sorties d'Ain Fettah. Plusieurs accrochages ont eu lieu avec les groupes armés qui rôdaient tout autour. La population a retrouvé la paix et les familles ayant fui leur village ont regagné leurs maisons et leurs terres. Non loin de Boutrak, un autre attentat a été commis en 1994, contre l'ex-chef daïra de Bordj-Arima, M. Affane. Il a été lâchement tué dans un faux barrage dressé par des terroristes au lieudit douar Taouia, situé à un jet de pierre d'Ain Fettah. Le tronçon de la RN 98 reliant la RN 35 à Ghazaouet et Nedroma, avait une triste réputation. C'était le couloir de la mort notamment au lieudit Sidi-Moussa où les attaques et faux barrages terroristes pendant les années 1993, 94, 95 et 96, se multipliaient. De nombreux agents de la police et militaires qui prenaient quotidiennement cette route pour regagner leur boulot à Remchi, Hennaya, Tlemcen, Aïn-Temouchent, Sidi Bel-Abbès et Oran, ont laissé leur vie lors de faux barrages dressés dans les virages accentués de la forêt de Fellaoucène, que les terroristes choisissaient pour commettre leurs massacres, et se replier ensuite vers les sommets et crêtes des montagnes dominant les parages. En fait, les groupes armés détournaient tous les semi-remorques et camions chargés de produits alimentaires vers la forêt. Il était quasi impossible de s'aventurer sur cette route au-delà de 16 heures. Ce tronçon routier n'a retrouvé sa sécurité qu'après l'installation d'un détachement de l'armée nationale pour rassurer les usagers de cette route.
Cette situation a encouragé les automobilistes à circuler à toute heure et en toute quiétude sur ce tronçon. Aujourd'hui, les habitants de toutes ces localités tentent de panser les plaies de la décennie noire. Soudés par les épreuves auxquelles ils avaient fait face, les victimes du terrorisme, les familles de terroristes, les patriotes et gardes communaux, vivent aujourd'hui côte à côte et tentent de tourner la page du terrorisme qui avait pris en otage l'Algérie et son peuple.

  Publié dans Le Quotidien d'Oran le 01 - 10 - 2017

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